Projet Cartylion
Partageons notre passion Communauté
Catégorie :
Date : 21 octobre 2020

Icônes de la fantasy – la magie

Après avoir parlé du dragon dans un précédent article dédié aux icônes de la fantasy, on va aujourd’hui s’attaquer à un autre emblème du genre… Bien qu’elle ne soit pas une règle gravée dans la roche et qu’il soit possible d’écrire de la fantasy sans elle, la magie est l’une des plus grandes constituantes du genre.

Tout comme l’essence même de la fantasy est un héritage direct des récits mythiques ayant forgé notre Histoire, le concept de magie est lui aussi issu des légendes et autres contes folkloriques nous venant de la nuit des temps. Il est impossible de déterminer quand exactement l’idée de sorcellerie et de surnaturel est apparue dans l’imaginaire humain car le concept même de magie est fondamentalement lié à la nature profonde de l’homme.


Selon Bengt Ankarloo, auteur de l’ouvrage Witchcraft and Magic in Europe :

La croyance en la pratique de la magie est présente depuis les toutes premières cultures humaines et continue à jouer un important rôle religieux et médicinal dans de nombreuses civilisations aujourd’hui.

Il n’est donc pas surprenant que les auteurs de fantasy puisent allégrement dans les folklores du monde entier pour créer leurs univers et la magie a toujours été l’un des principaux piliers de la myriade de folklores qui composent les croyances humaines.

Mais qu’est-ce que la magie exactement ?

Il s’agit, selon le Petit Robert de « l’art de produire, par des procédés occultes, des phénomènes inexplicables ou qui semblent tels. »

Cette définition sous-entend que la magie serait forcément contrôlable par l’être humain mais il s’agit ici de la conception de la magie telle qu’on l’entend dans notre quotidien : des artifices, de la mise en scène et de la poudre aux yeux.

Une définition générale de la magie telle qu’elle est représentée habituellement dans le paysage fantasy dirait d’elle qu’elle est une force surnaturelle échappant aux lois physiques, plus ou moins manipulable et perceptible par l’homme.

Mais donner une définition de la magie est un exercice stérile tant elle peut se manifester selon toutes les formes possibles et imaginables dans un récit selon le bon vouloir de celui qui raconte l’histoire.

L’usage de la magie dans la fantasy se justifie par le fait qu’elle confère aux récits une dimension plus épique, plus mystérieuse, plus exotique. Elle permet à l’auteur de forger son propre univers selon sa propre volonté. Les œuvres pionnières de la fantasy contemporaine mettent clairement en scène des éléments surnaturels et magiques. Mais là encore, impossible d’en définir une conception unique et commune à tous.


Necronomicon fait par un fan
Un faux Necronomicon crée par un fan d’H.P. Lovecraft.

  • Chez H.P. Lovecraft la magie est avant tout une force occulte, voire démoniaque, issue de dimensions sinistres et infernales. Elle y est généralement néfaste pour l’homme, comme en témoigne le Necronomicon, (l’un des éléments les plus célèbres de son univers) imaginé par lui en 1927 : un ouvrage démoniaque et maudit précipitant la mort de quiconque pose ses yeux sur son contenu. On est là en présence de la première forme de magie noire dans la littérature fantasy contemporaine et quantité d’œuvres auront été inspirées par la vision d’H.P. Lovecraft.
  • Tolkien, autre pionnier de la fantasy et contemporain d’H.P Lovecraft aborde le sujet d’une toute autre manière dans son œuvre. Là où H.P. Lovecraft décrit clairement sa magie comme une force démoniaque, Tolkien la présente comme une puissance naturelle intrinsèquement liée à son univers. Elle est ce qui crée son univers : lorsqu’Eru Illuvatar créa le monde, la magie était déjà présente et nombreux sont les êtres chez Tolkien à disposer de façon innée de capacités et de spécificités surnaturelles. Chez Tolkien, la magie est une réponse à la technologie qu’il abhorrait. Grand amoureux de la nature et effrayé par les dérives du progrès, Tolkien souhaitait offrir dans son œuvre une alternative à la société industrielle dans laquelle il évoluait et il a fait de sa magie la puissance principale de son monde, remplaçant les machines artificielles de l’Homme. Dans une lettre adressée à un de ses proches, Tolkien disait que :

La Machine est notre forme moderne […] pour détruire notre monde réel, bien plus proche de la magie qu’on ne voudrait le reconnaitre.

Gandalf sur un cheval avec son bâton lumineux
Gandalf chassant les Nazguls grâce à sa magie blanche dans le troisième film du Seigneur des Anneaux.

À la manière de Tolkien, nombreux sont les auteurs à user de la magie comme une alternative à la technologie dans un monde médiévaliste et préindustriel. Que ce soit pour faciliter les communications, le transport ou encore apporter du confort tant pour les personnages que pour l’auteur, la magie viendra compenser un univers où toute machine moderne est inexistante.

  • Le troisième principal pionnier de la littérature fantasy est C.S. Lewis, auteur des Chroniques de Narnia et sa conception de la magie est encore différente des deux précédentes. Fervent chrétien, la magie dans l’univers de C.S. Lewis tient plus du miraculeux que du surnaturel. Le monde de Narnia est créé par un immense lion : Aslan, personnification du Christ comme nous le précise Paul Gosselin dans son court essai consacré à l’occultisme chez C.S. Lewis :

Dans les Chroniques de Narnia, la source miraculeuse (excluant les êtres clairement identifiés comme maléfiques) […] est Aslan lui-même, celui qui symbolise le Christ, le Créateur.

Aslan est la sagesse et le pouvoir même. Et Paul Gosselin de continuer :

Ce ne sont pas les personnages qui contrôlent le « miraculeux », mais Aslan. […] Par contre, on voit les personnages négatifs dans ce récit qui tentent d’utiliser la magie à leurs propres fins, comme l’oncle Andrew et les sorcières. Cet usage de la magie à leurs propres fins est toujours suivi de conséquences fâcheuses. Dans la préface de Tactique du Diable, Lewis remarque : « Au sujet du diable et des démons, les hommes peuvent commettre deux erreurs. Elles sont diamétralement opposées mais aussi graves l’une que l’autre. L’une consiste à nier leur existence, l’autre à y croire mais à leur porter un intérêt excessif et malsain. »

Un lion dans un halo de lumière
Une représentation d’Aslan dans le film Le Monde de Narnia

C.S. Lewis, en bon chrétien, use donc de la magie dans son œuvre comme du fruit défendu du Jardin d’Eden dans la Bible. Elle est la tentation, elle est l’épée à double-tranchant : miraculeuse lorsqu’entre de bonnes mains, pures et pieuses, maléfique lorsque l’impie s’en sert de manière égoïste. On est ici face à une magie très codifiée et endoctrinée. Il y a la bonne magie, celle d’Aslan, la magie dogmatique et pure et il y a les mauvais magiciens qui s’allient avec des forces occultes et finissent généralement punis (ou pardonnés) par Aslan dans sa grande sagesse.



On est ici face à trois formes différentes de magie, trois traitements radicalement différents d’un même thème et il ne s’agit que de la partie immergée de l’iceberg. Il y a plus ou moins autant de traitements différents de la magie que d’œuvres la mettant en scène. Le principal point commun entre toutes est le défi des lois physiques qui régissent le monde tel qu’on le connait.

C’est là que notre univers de 3ème Aube se distingue de ces formes de magie. En effet, en 3ème Aube, la magie est une partie intégrante de la physique de l’univers.


Les différentes formes de magie dans notre univers découlent des lois physiques, ce qui en fait à la fois quelque chose de très naturel et quelque chose de très extraordinaire car nous pouvons faire de grandes choses avec cette magie. En termes de créations par contre, cette magie est très contraignante car soumise à des lois strictes.

Chaque auteur se servira de la magie à sa manière afin d’influer son récit et ses personnages. La magie est une force majeure et quasi-incontournable de la fantasy et permet de nombreuses possibilités : de la facilité et de la simplification de la vie de tous les jours qu’elle peut offrir jusqu’à la menace mortelle sur le monde, elle permet de créer des univers digne des plus grandes légendes de notre Histoire et confère toute une dimension épique a un genre qui se définit déjà par son souffle héroïque et sa dimension plus grande que nature.

Aman
 
Découvrez Aman, le scénariste du Projet CarTylion, il vous raconte son parcours, et son rôle au sein de notre projet transmédia.
Responsable Écriture
 

Laisser un commentaire

Cette section n'est pas encore disponible.

Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas encore de compte ?

Créer un compte

Pour rester informé-e des évolutions du site, laissez-nous votre email.

À bientôt !