À l’occasion de mon premier Grandeur Nature (GN) aux Terres d’Arran en tant que joueuse, je me suis initiée à la fabrication d’armes de GN. Pour tout vous avouer, même si ce n’est pas du grand art, la création de mon costume et de ces armes fut ce qui m’amusa le plus dans l’expérience GN.
Un bâton pour une jeune elfe
Je jouais pour l’occasion une jeune elfe. Comme je ne suis pas encore très expérimentée, je n’ai pas choisi un rôle de combattante et les armes associées, inquiète comme j’étais de mal placer mes coups. D’autant plus que j’ai dû encaisser, avant les coups, les commentaires idiots des joueurs les plus expérimentés. Non Messieurs, demander au joueur le plus balaise du terrain de te frapper avec ta propre arme à pleine puissance pour vérifier la sécurité de ladite arme n’est pas une bonne idée. J’encaisse et je tape fort, je suis quand même responsable. CQFD.
Donc pour ceux qui souhaiteraient emprunter ce chemin de croix de la fabrication des armes en autodidacte, voici le lien vers le site de la Fédération GN. Il est mal présenté mais fiable. FédéGN – FT 035 – La sécurité des armes de GN en mousse (fedegn.org)
Pour m’assurer une bonne allonge et plus de maniabilité pour compenser mon manque de technique, j’avais choisi un bâton. L’estoc reste bien sur interdit, mais j’avais ainsi la possibilité de taper avec toute la surface de près comme de loin, à une ou deux mains. Facile. On m’aurait même autorisé un bâton de 2m de long, mais afin de me resservir de mon arme sur d’autre jeux, j’ai choisi de me conformer aux indications de la Fédé : 175cm
La recherche des matériaux
Comme je vis en Allemagne, j’ai accès à certaines matières premières plus facilement que d’autres et plus facilement qu’en France. Il m’a suffi de me rendre dans la première jardinerie du coin pour trouver un tuteur de 180cm en fibre carbone de 12mm de diamètre. Par contre, j’ai galéré jusqu’aux vacances de Noël et mon retour en France pour trouver un bouchon en faux liège pour assurer l’inoffensivité des bouts. J’ai acheté les autres matériaux sur internet. Notamment un rouleau d’Armaflex en 3mm (un isolant flexible) qui a fait beaucoup enragé mon homme : « On privilégie les matériaux naturels pour les rénovations chez nous, mais quand tu joues l’elfe des bois, tu te sers de cette m*rde synthétique et polluante »… Pas faux, les GNistes sont moins écolos que leur personnages. (Il n’a fait aucun commentaire pour le latex.)
Passons à la fabrication
Bref, me voilà partie à tronquer les bouts de mon tuteur, les émousser avec les bouchons de faux liège tenus par des bandes de toile plastique (merci le pistolet à colle) et recouvrir le tout de 12mm d’Armaflex. En vrai, 6mm ou 9mm ça aurait été plus joli et plus maniable (j’ai de petites mains), mais voilà, les indications n’étaient pas tout à fait claires et je voulais être sûre de ne blesser personne.
J’ai utilisé les chutes d’Armaflex pour créer un décor en forme de lierre sur le bâton. Comme je vis sur une exploitation agricole avec de nombreux ateliers, j’ai accès à plein d’outils, je me suis donc fait plaisir en soudant les bords avec un décapeur thermique et en sculptant mes décors avec une petite dremel.
S’ensuivit une phase de peinture en plein hiver. Au moins le latex était très facile à étaler, mais j’ai vraiment eu du mal à peindre des détails jolis tant je tremblais sur la surface arrondie. J’ai donc fait l’essai de coller des feuilles en tissu sous le latex. Peine perdue. Je n’ai pas trouvé de serviettes en papier à ce moment-là, sinon j’aurais essayé ça aussi.
Mon bâton est plutôt rustique, un poil trop souple, mais vraiment sécurisé et je suis contente du rendu pour une première création !
Une petite serpe
Mon deuxième projet était une serpe. Et autant dire que j’ai fait sur ce projet toutes les erreurs de débutant qu’il est possible d’imaginer ! Tant mieux, c’est comme ça qu’on apprend.
Premièrement, j’ai choisi de faire une arme de 60cm de long, puisque c’était la taille maximum pour les armes courtes ne nécessitant pas de point de compétence. Inutile de vous dire que ce n’est pas la taille qui compte, si ce n’est pas maniable, aucun centimètre ne rattrape ça… En plus, je me suis inspirée d’une vraie faucille, mais je n’ai pas soustrait les épaisseurs de mousse sur les arêtes, donc on se retrouve face à quelque chose de super massif. J’ai eu aussi beaucoup de mal à faire une jolie jointure entre lame et poignée : au final, la poignée n’avait pas besoin d’être aussi rembourrée, mais voilà…
Ensuite j’ai voulu faire une lame en caoutchouc, pour être sûre que le fil ne serait pas dangereux. Et sur la longueur, même avec des renforts, ça pliait sous son propre poids. Dommage, ça m’aurait économisé quelques mm de mousse, puisque le caoutchouc ne présente aucun danger. En plus, la liaison avec la poignée en fibre de carbone était plus aisée. Je me suis décidée à contre cœur à rouvrir mon arme pour remplacer le caoutchouc par du plastique… et j’ai oublié de mettre la lame en plastique dans un sandwich de cuir pour empêcher qu’elle transperce la mousse. En tout, j’ai rouvert 2 fois ma mousse pour insérer les éléments, autant vous dire que ça a laissé des cicatrices. J’ai de plus oublié l’existence du décapeur thermique et j’ai essayé de rattraper ça directement avec le latex. Fail.
Il ne faut jamais travailler à J-30, mais pas le choix, j’avais plus qu’un week-end pour finir l’intégralité de mon costume.
À côté de ça, un ami a rangé l’atelier sans me demander et ma serpe recouverte de latex frais est tombée plusieurs fois dans la poussière. Je n’ai pas non plus tenté le diable question couleur : j’ai mélangé de la peinture acrylique noire à mon latex, point final. Mais j’ai aussi trouvé de l’acrylique argentée et je ferai sans doute un essai, pour savoir si ça attaque vraiment la mousse ou le latex sur le long terme.
D’un autre côté, il a fait tellement chaud sur l’évènement que le latex a cloqué et la peinture est devenue terne. Sur les conseils d’un GNiste, j’ai passé après coup le tout à la laque à cheveux. Le rendu est super brillant, mais du fait de la souplesse de la lame, la laque est maintenant toute craquelée.
Bref mon deuxième projet est nettement moins satisfaisant. D’autant plus que comme me la fait remarquer une amie « Ah ouais, les serpes c’est cool, et comme ce n’est pas considéré comme des armes, on peut les acheter pour trois fois rien ! ». Mais au moins j’ai appris.
Mais vu que j’aime plus la confection que le jeu, je me suis trouvé d’autre projets low-cost. Notamment j’ai complété ma tenue d’elfe avec un corset d’apparat en mousse islandaise pour jouer le personnage du Projet CarTylion Mielinda Rit-O-Vent lors de l’évènement Vapeur et Contes de Fées à Tournai la semaine d’après. Des détails (canons de bras, épaulières, pierre sur le bâton…) sont encore en création, je vous les raconterai peut-être une prochaine fois !
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
1 reply on “Fabrication de mes premières armes de GN”
C’est hyper intéressant, particulièrement parce que les galères dans la fabrication sont évoquées aussi. Ça donne vraiment envie de se mettre au GN mais je serais incapable de crafter comme ça je pense