Aujourd’hui, je vous livre un article écrit par Alen au début du Projet CarTylion, en 2018, sur la création de la langue de la Vivaldie. L’histoire de la linguistique de notre univers a évolué depuis, ça on vous le racontera un petit peu plus tard !
Créer une langue qu’on puisse parler
Êtes-vous déjà allés en Vivaldie ? Je n’y suis moi-même arrivé que récemment, ce pays étant encore en pleine création dans 3ème Aube. Nous en sommes à savoir quelle langue est utilisée par ses habitants – les vivaldiens. Et là-dessus, il est heureux que le modèle linguistique du vivaldien soit le français, sans quoi nous serions bien en peine de visiter 3ème Aube sans tomber dans l’impasse communicationnelle, ne serait-ce que pour demander un lait de chèvre ou chercher les latrines. Pour cause, l’élaboration d’une langue, qu’elle soit écrite et/ou orale, doit la rendre claire et simple à utiliser. C’est une loi naturelle des langages humains, car si la théorie ne le permet pas, la pratique le fera dans tous les cas.
Par exemple : l’emploi du mode subjonctif en français nuit à la compréhension de la phrase, il est de moins en moins compris en conversation parlée. Si le subjonctif n’est plus compréhensible, il est de moins en moins utilisé. À la place, on utilise l’indicatif, auquel on est plus habitué. C’est ainsi qu’au comptoir du café l’autre jour, on ne m’a pas demandé « vous voulez que je vous le fasse ? » mais « vous voulez que je vous le fais ? ». La langue évolue naturellement par les changements que lui imposent ses locuteurs.
Et toute évolution linguistique a raison de se produire quand elle est spontanée, car c’est un processus qui sert à la rendre plus claire et plus simple. En inventant une langue, c’est également notre objectif. Cependant il ne s’agit pas d’invention dans notre cas, car déposer sur la table une langue intégralement construite comme le na’vi (dans Avatar) ou le quenya (chez Tolkien) reviendrait à la rendre inutilisable dans 3ème Aube. Je ne doute pourtant que nous tenterons l’expérience un jour !
Vivaldien et Commun, deux langues avec des logiques différentes
Le Vivaldien, une langue inspirée du Français médiéval
Le vivaldien est une langue qui sert de référence pour l’ensemble du monde, car c’est la première que nous créons et que nous allons utiliser.
En Vivaldie, la langue en usage a pour base le français moderne tel qu’il est parlé au nord de la région Nouvelle Aquitaine, dans les départements de la Vendée, des Deux Sèvres, de la Vienne, de Charente et de Charente-Maritime, où la langue régionale est le poitevin-saintongeais (aujourd’hui déclarée langue en danger de disparition par l’Unesco). La création du vivaldien fonctionne donc par composition, en associant notre français d’aujourd’hui à des formes régionales – celles du poitevin-saintongeais – de sorte que la langue soit facilement compréhensible, malgré des couleurs phonétiques et des tournures grammaticales empruntées au poitevin-saintongeais, au latin et au grec. Pas d’invention donc, ou très peu : les langues de 3ème Aube sont dépositaires de phénomènes linguistiques réels, attestés par des langues authentiques, et suggérés par l’histoire des langues. Notre second objectif, après celui de rendre la langue praticable, est de proposer une langue « vraisemblable » car les éléments qui la composent sont référencés et vérifiables en termes linguistiques.
La Vivaldie et les langues vraisemblables
Langue commune et dialectes
En Vivaldie, le vivaldien constitue le « standard ». On l’appelle aussi « langue toit », car elle sert à rassembler – sous un même toit – des locuteurs qui ne parlent pas le même dialecte (c’est-à-dire une forme variante d’une même langue) et qui doivent donc se comprendre en passant par un dialecte qui leur est commun. Nous connaissons des langues destinées à être communes à un maximum de locuteurs dans le monde. Elles peuvent être élaborées à cette fin, comme c’est le cas de l’esperanto. Elles peuvent aussi émerger elles-mêmes jusqu’à devenir la norme d’un ensemble de locuteurs : cela a été le cas du français, qui est devenu le modèle des habitants du royaume de France – officiellement au XVe siècle – car c’était la langue parlée en Île-de-France où se trouvait le roi. Dans cette logique, la langue dite « standard » (les guillemets sont nécessaires car le terme apparaît parfois péjoratif vis-à-vis des langues régionales) se distingue
Structuration de la langue commune, le Commun
S’il s’agit de la langue dite « commune » pour tous les habitants du monde, elle ne remplace pas forcément les langues maternelles de ces populations, ce qui entraîne naturellement un bilinguisme (au minimum) pour beaucoup d’entre elles. Si l’on compare cette utilisation des langues à notre monde actuel, c’est le cas pour une bonne partie de la population mondiale de parler anglais dans un but professionnel, diplomatique et/ou culturel, comme il en était pour le latin dans l’Europe romanisée (et comme le chinois le sera peut-être pour l’Europe et les USA dans quelques années).
des autres dialectes auxquels elle est apparentée pour servir de norme langagière.
Mais puisque notre tâche pour CarTylion – si difficile et pourtant bénévole et incorruptible ! – implique de former une langue par un procédé artificiel, armés de notre connaissance empirique et de nos recherches théoriques, nous allons prendre cette logique à rebours.
Au lieu de faire sortir une langue commune d’un ensemble de dialectes, nous commencerons par établir la langue commune de la Vivaldie, avant de produire plusieurs dialectes qui cohabitent avec elle.
Pourquoi ? Car comme le font elles-mêmes nos langues au fil du temps, une nouvelle langue naît forcément de la variation d’une autre préexistante. Chaque langue est la variante d’une autre, chaque langue fille a une langue mère.
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