Vergo Chanteciel

Un homme, perché sur l’un des tabourets de la taverne, harangue la foule de vive voix depuis son estrade improvisée.

Approchez, mes amis, approchez donc et oyez l’histoire du plus célèbre des ménestrels qui ait arpenté les terres libres de 3ème Aube ! Il a parcouru les contrées les plus hostiles, traversé les frontières mêmes de ce monde et en est revenu vainqueur ! Compagnon de première heure des plus grand héros, chanteur des exploits dont il fut le témoin ! Ses ballades sont clamées avec ferveur dans le moindre recoin, depuis la plus petite taverne au plus somptueux des palais ! Qui aujourd’hui n’a jamais ouï le glorieux nom du Sire Vergo Chanteciel, je vous le demande !

Pour une raison que vous ignorez, l’assemblée éclate de rire. Le conteur remarque votre air confus et s’adresse à vous :

Mais que vois-je ici ? Serait-ce possible que vous n’ayez jamais entendu parler du Sire Vergo ?

Le silence s’installe brusquement dans la salle. En vous retournant, vous remarquez les regards des badauds braqués sur vous. Vous hochez lentement la tête avec hésitation.

Je vois ! Une petite présentation me semble nécessaire dans ce cas. Je suis à vous tout de suite, messires !

Le conteur descend de son estrade et vous fait signe de le suivre jusqu’à une table située dans l’un des coins de la taverne. S’assurant que vous êtes seuls, il vous parle à voix basse :

Je devine à votre réponse que vous êtes nouveau dans les environs, n’est-ce pas ? Oh mais gardez-vous bien de me contredire, je le sais juste à la tête que vous me fites tout à l’heure !
Je veux bien vous éclairer sur notre bon Sire Chanteciel si vous le souhaitez, mais cela reste entre nous, d’accord ?
Pour commencer, je dois vous l’admettre : j’ai sans doute un peu exagéré le trait. Le Sire Chanteciel dont je chantais les louanges tantôt n’existe pas vraiment. Enfin si, il existe, mais disons qu’il ne doit sa réputation qu’aux quelques pièces qu’il verse aux pauvres âmes dans mon genre. À dire vrai, il n’est pas plus « Sire » que vous et moi, et d’ailleurs, « Chanteciel » n’est même pas son vrai nom. Vous imaginez vraiment prêter attention à un ménestrel qui s’appellerait « Vergo Lepichon » ?! Non, n’est-ce pas ?
Entre nous, je ne suis même pas sûr que le quart des choses qu’il raconte dans ses chansons soit vrai. Les passages où il part de la taverne en quête de gloire le sont assurément, ceux où il revient y conter ses exploits sans doute aussi, mais quant au reste… Alors certes, vous me répondrez que c’est le propre des ménestrels d’enjoliver la réalité pour la rendre plus gracieuse, débarrassée de quelques accidents par-ci et jointe de quelques hauts faits par là. Mais l’homme dont je vous parle brode tellement ses histoires qu’il concurrence à lui seul l’ensemble des tisserands de cette ville ! Embellir la vérité est une chose, inventer une réalité alternative une toute autre discipline dans laquelle le coquin est passé maître !
Oh mais ne vous méprenez pas, il n’est point couard. C’est simplement un homme rationnel, et très bon mathématicien quand il s’agit de calculer ses chances de survie. Il affronte les situations dangereuses comme personne : c’est-à-dire, en les évitant. Mais cela nécessite une intelligence rare, fiez-vous à moi.
Pour le reste, c’est un homme pétri de mystères. Le plus grand mystère étant d’où sort-il les pièces qu’il utilise pour me payer si ce n’est de son art ?

Le conteur se rapproche encore de vous et vous dit en chuchotant :

Quelques-uns de mes comparses, sans le sou et partageant le même mécène, sous-entendent que ses mains sont plus habiles pour subtiliser vos biens les plus précieux que pour gratter les cordes de son instrument. Un as de la diversion paraît-il, et du déguisement. Quant aux raisons qui le pousseraient à prendre l’habit de ménestrel, moi-même je l’ignore. Mais ce ne sont que des rumeurs, n’est-ce-pas ?

Il vide sa chope de bière d’une traite et reprend à voix haute :

Mais abstenez-vous de le clamer haut et fort : je tiens à mon gagne-pain, et vous à votre vie, non ? Ha ha ha ha !!!

Vous saluant, le conteur prend congé et reprend sa place sur l’estrade, laissant ostensiblement sa chope vide sur votre table.

Au moment de partir et de régler, vous remarquez avec horreur que votre bourse n’est plus accrochée à votre ceinture.

En voyant votre air déconfit, l’assemblée explose de rire à nouveau. Vous retournant, vous voyez le conteur se joindre aux rires, jonglant avec ce qui semble être votre bourse.

Ne le prenez pas mal, messire, ce n’est simplement pas votre jour de chance. Encore que vous, au moins, me paraissez suffisamment malin pour ne pas jouer au héros ? Mais tenez, je suis bon prince : voici de quoi payer la chope que vous vous apprêtiez à m’offrir !

L’homme saisit une pièce d’or de votre bourse et la balance à vos pieds, applaudi par son sinistre auditoire.

J’espère au moins vous avoir diverti avec mon histoire ! J’avoue avoir pris un certain plaisir à vous la raconter, à entremêler vrai et faux tandis que vous déportiez votre attention de votre ceinturon. Ne faites donc pas cette tête mon ami : tout le monde en ville sait que ce lieu saint abrite notre belle troupe d’aventuriers, même les miliciens n’osent pas s’en approcher. Pensez-donc que lorsque l’on voit un étranger s’y aventurer, on saisit l’occasion pour rigoler un bon coup ! Maintenant, je vous suggère de partir et d’oublier cette histoire, fut-elle vraie ou fausse. Et si jamais le destin vous amène à vous aventurer à nouveau dans notre cour des miracles, prévoyez au moins d’apporter de quoi payer la tournée à tout le monde !

Saisissant que vous ne retrouverez sans doute jamais votre or, vous bondissez à toutes jambes et franchissez l’entrée de la taverne sous les rires de Vergo Chanteciel et sa bande de brigands.

Son histoire

Le jeune Vergo, dernier des quatre fils des paysans Suzanne et Martin Lepichon, propriétaires d’un modeste lopin de terre dans les plaines fertiles du centre de la Ligue, était destiné selon la tradition familiale à prendre la suite de son père aux champs. Mais, mu par des envies de gloire et d’aventures, Vergo – alors âgé de 14 ans – décida de fuir la résidence familiale et de se faire son propre nom.

Volontiers débrouillard quoique malchanceux, le jeune homme se confronta à la dure réalité de ce monde : il ne suffit pas de vouloir ardemment quelque chose pour que celle-ci se produise.

Sans le sou, il s’engagea dans la milice de la ville la plus proche, qui lui offrit gîte et couvert. Mais trop peureux pour prendre les armes et se portant pâle à chaque affrontement, il fut renvoyé et dut fuir la ville, pour être finalement recueilli et accepté par une troupe de comédiens itinérants. Ces derniers lui apprirent le chant et la viole, et c’est au bout de deux années d’apprentissage que Vergo prit les routes seul pour gagner sa croûte.

Durant les années qui suivirent, Vergo accompagna maints groupes d’aventuriers, de corps d’expédition, de caravanes de marchands… et curieusement prit toujours congé dès lors que les épées étaient dégainées de leurs fourreaux. En quelque sorte, on peut affirmer qu’il faisait un ménestrel plutôt médiocre : son chant et sa maîtrise de la viole étaient à retravailler, mais surtout il n’eut jamais aucun fait d’arme notable à raconter, ayant toujours trouvé le moyen d’échapper au danger avant qu’il ne se produise. Pour survivre, il dut accompagner ses maigres revenus d’artiste de quelques pièces et objets issus de divers larcins – ses mésaventures lui ayant appris plusieurs choses : l’art de la discrétion, un instinct remarquable pour sentir le danger, des mains baladeuses (quittant souvent ses compagnons de voyage avec quelques menus « souvenirs ») et une bonne paire de jambes.

Peu à peu, il se forgea une petite réputation, alliant déguisements divers et histoires inventées de toutes pièces et prenant le nom de « Chanteciel ». Ses poches se remplissant d’or et d’espèces en tous genres, il attira l’attention d’une bande de brigands. L’ayant encerclé et menaçant sa vie, le chef des brigands proposa un marché, un défi impossible, au ménestrel en lui demandant de voler le bijou d’une princesse de passage, Vergo n’eut d’autre choix que d’accepter. Suite à une série de rebondissements et d’évènements plus ou moins indépendants de sa volonté, il se retrouva miraculeusement en possession dudit bijou et gagna le respect des brigands.

À partir de ce jour, Vergo travailla de concert avec les brigands, assemblant un véritable réseau de voleurs à travers le pays.

Il disparut un jour, sans laisser de traces, comme s’il n’avait jamais existé. Curieusement, on remarqua que le butin de la bande avait été allégé d’une part substantielle mais par respect pour leur ancien compagnon, les brigands firent mine de n’avoir rien vu.

Comme vous l’aurez remarqué, Vergo est un pleutre qui s’est, malgré lui, retrouvé balloté par les évènements pour devenir un voleur. C’est à la fois quelqu’un de profondément malchanceux, s’attirant facilement des ennuis, mais doté de coups de chance fulgurants qui lui permettent de s’en sortir la vie sauve.

Construction graphique du personnage

Homme de taille moyenne, cheveux châtains longs et bouclés qu’il teintera/arrangera souvent pour que l’on ne le reconnaisse pas. Il voyage toujours en habits de ménestrel, une tenue complète initialement bariolée mais qui a perdu de son éclat avec le temps. Une fois un petit pécule obtenu, Vergo s’achètera divers habits qui lui serviront à se déguiser.

Pour en savoir plus sur la construction graphique du personnage, un article sera prochainement disponible sur notre blog !

Vergo Chanteciel, à votre service pour vous divertir !

Vergo Chanteciel est, en quelque sorte, un ménestrel, c’est pourquoi dans l’équipe il représente le rôle d’animateur. En conteur, il vous fera découvrir toutes sortes d’histoire en 3ème Aube sur notre site internet, et paré de ses plus beaux atours, il animera les tablées sur les évènements médiévaux, geeks ou ludiques auxquels il participe.

Découvrez dès à présent les dernières histoires de 3ème Aube racontées par Vergo Chanteciel :

Les nouvelles ci-dessous sont accessibles gratuitement. Elles se déroulent dans l’univers de 3ème Aube et sont écrites par Vincent, Florian et l’équipe du Projet CarTylion.

De nouvelles histoires arriveront régulièrement, vous pourrez les retrouver au fur et à mesure ici, mais aussi dans la boutique ou dans la partie médias alors n’hésitez pas à y faire un tour.

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