Eurovision 2021 – Qui est le vrai gagnant ?

L’Eurovision, qu’est-ce que c’est ?

Pour ceux qui n’ont pas la télé, ou ceux que les concours de chant n’intéressent pas, commençons par une petite explication de ce qu’est l’Eurovision. L’Eurovision ou Eurovision Song Contest est un concours de chant organisé annuellement par l’Union européenne de radio-télévision depuis 1956. C’est un évènement télévisuel important car il est retransmis en direct dans un grand nombre de pays, tous les participants (44 pays) mais aussi tous les autres membres de l’Union européenne de radio-télévision (dont l’Australie), et même sur les autres continents avec les États-Unis, le Canada ou encore l’Afrique du Sud.

C’est un rendez-vous annuel pour près de 200 millions de téléspectateurs.

Une édition 2021 un peu spéciale, mais pas tant que ça !

L’Eurovision est donc un évènement international regroupant plusieurs milliers de personnes venant de différents pays, en période covid, l’organisation a donc été un challenge suite à l’annulation de 2020. Une bulle sanitaire a été mise en place avec des tests covid tous les 2 jours pour toutes les personnes accréditées, et seul le groupe Islandais n’a pas pu défendre sa place en direct et a dû présenter au public la version enregistrée après que l’un des membres ait été dépisté positif.

J’ai été un peu surprise de l’absence du thème « covid » dans les chansons présentées, mais peut-être que c’est juste que les chanteurs en ont marre et souhaitaient parler d’autre chose et oublier cette crise sanitaire !

L’Ukraine pour la mise en scène

Florian a particulièrement apprécié la mise en scène de la prestation ukrainienne. C’est la seule à avoir véritablement un décor et forcément nous sommes sensibles au travail de décors et costumes qui y a été fait. C’est une chanson qui se démarque nettement des autres prestations de l’année, avec un style, une musique et une performance vocale très marqués et atypiques.

Intrigué par cette performance, il a recherché l’origine de cette chanson afin d’en comprendre pleinement le sens : c’est une réadaptation des chants folkloriques ukrainiens d’une cérémonie printanière nommé Shum, ainsi le costume vert de la chanteuse et la mise en scène autour prennent tout leur sens.
Nous avons été emportés dans l’ambiance rituelle et cela nous a fait penser au travail que nous faisons sur les cérémonies rythmant les périodes clefs des travaux agricoles en Vivaldie.

Une prestation originale avec une performance vocale, une vraie scénographie et une mise en scène, le tout mettant en avant des éléments de la culture du pays : cela correspond pleinement à la vision idéale d’une prestation à l’Eurovision pour Florian, ce seront donc ses favoris.

L’Allemagne pour l’optimisme

Lorsque le blondinet en costume rose avec un ukulélé diamant est entré en scène en chantant « I don’t feel hate », j’ai été conquise ! Plus précisément j’ai beaucoup apprécié l’optimisme, la bonne humeur qui se dégageaient de cette prestation, et j’ai vraiment passé un moment happy !

Jendrik était donc mon favori de cette édition 2021.

La France pour le chauvinisme

La chanteuse française Barbara Pravi a interprété une chanson en Français, Voilà, qui ne nous a pas époustouflés par son message, mais qui était remarquablement bien délivrée. Nous avons été un peu déçus par l’absence de mise en scène de la prestation, comparée aux autres qui incluaient quasi systématiquement des danseurs, mais aussi des images diffusées sur l’écran géant voire carrément une scénographie. Nous l’avons soutenue pendant les votes car elle faisait partie des meilleures prestations et avait la grande qualité d’être française, soyons patriotes !

La Finlande pour la nostalgie

C’est une chanson de pop hardcore en anglais que nous a proposé le groupe de metal Blind Channel. Une prestation tellement clichée pour la Finlande qu’elle suscita un élan de nostalgie à Florian. Il nous fit alors part de quelques anecdotes de l’époque de sa vie là-bas mais également de sa découverte du metal. Évidemment c’est encore une histoire d’amour qu’il vous racontera peut-être un jour… 😉

L’Islande pour les références geeks et à la pop culture

La prestation de l’Islande par le groupe familiale Daði & Gagnamagnið était truffée de références à la pop culture geek. En fait c’était une chanson entièrement faite par des geeks, par les costumes d’abord, leur représentation en pixel art mais aussi par toutes les incrustations sur l’écran géant, des chats aux licornes ! Et puis ces faux claviers portés en arc-de-cercle ajoutaient un style sans égal.
Une chanson décalée, une mise en scène faite exprès pour se moquer du fait que les instruments jouent pour de faux dans les shows de l’Eurovision (la musique étant enregistrée et gérée par la régie et non sur scène par les artistes), c’était fun à regarder et même si la chanson n’était pas transcendante, on était vraiment dans son public cible !

Geek jusqu’au bout, le groupe a même créé un jeu vidéo :

La Hollande pour le message

Quand le groupe de chanteurs et danseurs noirs de Jeangu Macrooy nous délivre cette belle prestation en tant que représentant des Pays-Bas, on se retrouve surpris par ce style « africain » qui semble un choix assez inattendu au premier abord. En effet, difficile d’en appréhender toute la portée symbolique sans un minimum de références historiques.

Nous avons là un groupe de chanteurs originaires du Suriname, une des anciennes colonies des Pays-Bas. Le texte emprunte même des phrases historiques de lutte et de sagesse de vie que se transmettaient les esclaves. Il est chanté en partie en anglais et en partie dans une des langues des esclaves créoles. La musique et les danses reposent sur des bases traditionnelles du Suriname. Aucun doute, ce ne sera donc pas les Pays-Bas qui seront directement mis en avant à l’Eurovision cette année mais bien le Suriname et sa culture. Florian fut vraiment positivement marqué par ce choix fort dans son message qui mérite d’être supporté !

Birth of a New Age c’est, non seulement, un chant de lutte en lien avec la traite des noirs, la décolonisation de la Guyane hollandaise et le combat des Afrodescendientes pour leurs droits qui résonne encore jusqu’à nos jours, mais aussi un chant d’espoir dans le passage à une nouvelle ère de peuples libres et égaux en droits.

Pour ma part je me suis laissée rapidement embarquer par l’ambiance soul entrainante de cette belle chanson au message fort.

Les votes sont de deux sortes : les votes du jury professionnel de chaque pays d’un côté, et les votes du public de l’autre. Ni l’un ni l’autre n’a le droit de voter pour son propre pays, et les votes du public comptent pour la moitié du résultat final.

Le vote du jury a mis en avant deux performances francophones : celle du Suisse et celle de la Française. La présentation de chaque attribution de points par le présentateur local est emblématique de l’Eurovision, et cette année n’a pas dérogé à la règle. C’est un mix entre un moment sympa et un moment gênant quand les présentateurs sont un peu trop longs ou bien qu’ils font des blagues, comme l’Islandais par exemple !

Cette année a été marquée par le fait que 4 performances n’ont reçu aucun vote de la part du public, ce qui est assez exceptionnel dans le concours. Ainsi l’Anglais s’est retrouvé à 0 points à la fin des votes, tandis que l’Allemand, l’Espagnol et le Néerlandais le devançaient de très peu de points, accordés par le jury. Évidemment, si des performances ont obtenu zéro points, c’est que d’autres ont raflé la mise, et on a vu notamment le groupe italien faire une remontée exceptionnelle avec plus de 300 points accordés par le public !