Créateur de jeu, je puise beaucoup de mon inspiration lorsque je suis en voyage. Souvent, je suis touché par quelque chose qui peut être esthétique, culturel ou historique. Lorsqu’à l’été 2018, j’ai passé 2 semaines dans les Cévennes, j’ai eu une inspiration assez spéciale pour moi car elle a été matérielle.
J’ai toujours aimé les matériaux nobles pour les jeux : essentiellement le bois. La plupart de mes prototypes sont faits de bois teints ou peints et vernis. Mais dans un camping à Florac, j’ai vu des galets récupérés dans le Tarn qui avaient été peints, probablement par des enfants. Les couleurs vives et les formes lisses mais irrégulières m’ont beaucoup plu. Mon épouse et moi voulions peindre des pierres récupérés de la rivière. Des projets décoratifs et ludiques ont rapidement émergé alors que nous profitions de la nature.
En visitant la magnifique cascade de la petite rivière Rûnes (un affluent du Tarn), j’ai eu envie de m’en inspirer pour créer un jeu abstrait à base de pierres tombant d’une cascade. Le thème est très léger, il est plutôt un hommage à ma source d’inspiration.
Une fois les pierres récupérées, il a fallu créer une mécanique. Je voulais créer un jeu d’alignement et des pierres qui se déplacent différemment en fonction du symbole peint dessus. Comme j’aime explorer les jeux où les pièces n’appartiennent à aucun joueur, j’ai créé mon premier jet de règles finalement assez proche du jeu final. Il fallait être le premier joueur à créer un alignement de 3 pierres de la même couleur ou du même symbole. Progressivement, j’ai tâtonné pour faire les modes de « déplacement » des pierres (qui sont devenus des pouvoirs).
J’ai fait plusieurs versions papier avant de peindre mes pierres. Mon stock de pierres étant limité, je voulais être sûr que le design soit en accord avec l’effet de la pierre afin d’aider à la prise en main des règles.
Jouer avec des bouts de papier est loin d’être l’idéal car ça s’envole au moindre courant d’air, mais c’est une étape nécessaire…
Le jeu s’est avéré rapidement agréable et les parties s’enchaînaient très bien. J’ai donc finalement peint les pierres et acheté du papier d’art pour faire le plateau. Je voulais que le matériel soit zen, et donc pas de plateau en carton mais dans un papier à la texture rappelant de l’eau.
Le jeu, alors nommé « Rûnes », était né !
Ensuite, il a fallu trouver un éditeur pour mon jeu. En effet je suis auteur de jeux et je m’appuie sur des éditeurs pour les créer et vendre au public. Pour cela, il faut aller dans différents festivals pour présenter son jeu aux éditeurs, participer à des concours de prototypes, améliorer son jeu grâce aux retours des joueurs, etc. J’ai rencontré le Projet CarTylion, par l’intermédiaire de Florian et Fleur, au festival Orléans Joue.
Nous avons pas mal échangé avec l’équipe du Projet CarTylion sur l’adaptation de mon jeu dans l’univers de 3ème Aube, l’idée des pierres qui dansent dans une rivière a bien plu à Florian et nous avons construit une explication physique à ce phénomène.
D’autre part, le nom du jeu est un élément important de marketing, et nous avons passé beaucoup de temps à brainstormer sur celui-ci.
Pourquoi appeler le jeu Sagascade ?
Le problème du titre Rûnes pour un jeu est qu’il n’est pas assez différentiant par rapport à tout ce qui peut déjà exister, et qu’il induit directement dans la tête du joueur l’idée d’écrits runiques, de nains et de mine, ce qui est très loin de l’ambiance voulue pour ce jeu ! Nous avons finalement arrêté notre choix sur le mot inventé « Sagascade », qui fait référence à la sagacité (une certaine capacité logique) et à la cascade (l’inspiration de base de mon jeu).
Voilà, vous en savez maintenant un peu plus sur l’inspiration du prochain jeu du Projet CarTylion. J’ai hâte d’être en 2021 (et de ne plus avoir ce fichu virus sur le dos) pour pouvoir vous le présenter lors de tous les évènements ludiques !
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5 replies on “Sagascade, de l’inspiration à la création du jeu”
le jeux est cool.
Assez simple pour pas se perdre dans les mécanique et en même temps une bonne dose de remue-méninge pour faire des coup complexe
Un jeu entre le puissance 4 et les échecs, très agréable à jouer! On attend les futurs Magnus Carlsen et Bobby Fischer de Sagascade!
J’ai vraiment apprécié joué au jeu en lui même, j’apprécie d’autant plus apprendre les étapes de sa création ! 🙂
J’ai toujours été intéressé par le début d’un jeu, en savoir un peu plus sur son inspiration et à la fin on comprend mieux le nom du jeu et sa logique, c’est vraiment super intéressant ^^
C’est passionant d’apprendre d’où viennent les concepts des jeux, de voir comment ils ont évolués, et pourquoi ! L’histoire est inspirante qui plus est.